(article inspiré de la publication de Myriam dans la revue scientifique Netcom)
En quoi les circuits de distribution courts et indépendants contribuent-ils à la réappropriation citoyenne du système alimentaire?
Partant d’un système où nous gérions en commun, via la puissance publique municipale, des marchés de producteurs, des acteurs privés se sont accaparés cette notion de marché et ont créé des « super/hypermarchés » où l’acheteur n’a plus vraiment son mot à dire. Nos systèmes d’approvisionnements sont vitaux, et laisser à des acteurs privés dont l’objectif est de maximiser leurs profits la gouvernance de ces systèmes, c’est accepter de ne plus décider, ni de ce que nous mangeons, ni de la façon dont nos aliments sont produits.
Créer un groupement d’achat, une AMAP, un supermarché coopératif, une entreprise de distribution indépendante en circuit court, c’est reprendre la main sur nos circuits d’approvisionnement. Passer du consommateur infantilisé au contributeur, co-décideur de notre système alimentaire.
L’importance de la gouvernance
La souveraineté sur nos circuits d’approvisionnement ne saurait être acquise sans maîtrise de la gouvernance de ces circuits. Par exemple, si un collectifs rassemblant des producteurs et mangeurs créent ensemble un groupement d’achat, ils vont décider non seulement de leur mode opératoire, mais aussi de leur modèle économique, de la façon dont ils vont prendre des décisions ensemble, etc.
Si ce collectif ne maîtrise pas son modèle économique par exemple, comme dans le cas d’une ruche qui fait partie du réseau La Ruche Qui Dit Oui, il n’est pas souverain. Il n’empêche que ces modèles restent intéressants dans leur capacité à diffuser à large échelle de nouvelles pratiques de consommation, mais ils ne peuvent, selon moi, être considéré comme des « communs », à moins que la décision du modèle économique imposé à toutes les ruches soit prise de façon démocratique par l’ensemble des ruches 🙂
Les outils numériques facilitants: l’exemple d’Open Food France
Le numérique joue un rôle important dans la diffusion, la duplication, l’essaimage, le développement des circuits courts, en rendant plus facile la gestion de ces modèles d’un côté, et les prises de commandes de l’autre.
Il est intéressant là aussi de se poser des questions sur la gouvernance des outils que nous utilisons: avons-nous notre mot à dire dans les choix qui sont fait concernant cet outil? Maîtrisons-nous notre outil de travail? L’exemple d’Open Food France, avec la création d’une plateforme coopérative gouvernée de façon démocratique, est ici intéressant.
Mais aussi…
De façon plus large, cet article balaie la notion de commun, l’importance des logiques ‘hybridation des lieux et activité, les nouvelles sociabilités créent par ce renouveau des communs de production et distribution, ou encore les enjeux liés au données et la nécessité de gérer ces données « en commun ».